Shinjuku
Ce quartier de Tōkyō est un concentré de la diversité et des paradoxes de la capitale nippone.
Au coeur, la gare, immense, labyrinthique. À l’ouest, le quartier des administrations et des affaires où des centaines de milliers de salarymen, trop souvent présentés comme les archétypes des employés japonais dans des reportages superficiels, travaillent dix à douze heures par jour avec une efficacité relative.
Ces mêmes employés et cadres supérieurs fréquentent le Kabukichō, le quartier chaud le
plus connu de la ville qui s’étend à l’est. Ils déambulent par groupes de quatre ou cinq à la recherche d’un restaurant, d’un izakaya, d’un karaoké ou d’un club à hôtesses pour terminer la soirée.
Shinjuku est aussi un quartier vivant, populaire, avec ses grands et petits magasins, ses supérettes, ses logements plus ou moins luxueux et le Gyoen, un des plus beaux parcs de la capitale.
À petit pas, au pied d’une tour, au sortir d’un métro, une femme en habit traditionnel apparaît. Son parapluie est dans les tons de son kimono. Elle porte les tabi, chaussettes dont le pouce séparé lui permet de se déplacer chaussée de zōri. Seules touches de modernité, son sac à main et son iPhone qu’elle est en train de consulter.
Un dédale en 3D
Cette gare est un mythe !
Avec plus de trois millions de passagers quotidiens, les stations de métro et les gares des compagnies Japan Rail, Odakyu et Keio, font de Shinjuku le noeud ferroviaire le plus fréquenté du monde. Telle une pieuvre, elle étend ses tentaculaires souterrains sur des kilomètres de galeries marchandes, de restaurants, de petites échoppes qui se disputent un flot continuel de clients potentiels. Aux étages supérieurs, les grands magasins ouverts sur des terrasses extérieures finissent de désorienter le voyageur qui n’a d’autre solution que de quémander de l’aide pour reprendre son chemin. Alors, peu à peu, il retrouve son instinct primaire de nomade, tend ses fils d’Ariane, met en place des itinéraires qui lui sont propres, et parvient à dompter le labyrinthe.
Certaines lignes de métro de création récente sont enterrées de plusieurs dizaines de mètres. Des escalators successifs en facilitent l’accès.
Il pleut sur Shinjuku
La douceur de la fin de l’automne est agréable.
La pluie qui tombe sur Tōkyō ne dissuade pas les badauds de sortir. Elle est fréquente, habituelle et fait partie du quotidien.
La ville parée de néons n’en est que plus belle, scintillant de mille reflets donnant vie à l’asphalte des chaussées,
jaspé de verts, de jaunes, de bleus et de rouges, tels de nouveaux passages pour piétons franchissant un fleuve de lueurs.