Buru tento
Sans-abri
Leur maison est en carton, éphémère, chaque soir montée, pliée et rangée dès l’aube.
Leur univers est fait de boîtes de soda, de vieux papiers, ramassés, amassés, revendus.
Cabossés par la vie, ils n’ont plus que la rue pour univers.
À tout moment ils peuvent chuter.
Les journées sont interminables, leurs nuits sont calquées sur le sommeil du métro.
Dans Shibuya, temple du fric, du futile et du paraître, ils attendent la fermeture de la gare pour enfin profiter pendant quelques heures d’un repos agité.
Un soir, sur un trottoir entre le Kabukicho et Shin-Okubo, cet homme a entassé ses sacs plastiques, a installé une couche sommaire pour y passer la nuit et a commencé à s'enivrer devant le mur d'enceinte d'un jardin pour enfants.
Les nouvelles sont bonnes ?
Le costume est défraîchi, la barbe a quelques mois, le col et les manches du pull se sont agrandis à force d’avoir été trop portés. Il transporte toute sa vie dans trois sacs et ne possède qu’un vieux parapluie pour se protéger des giboulées printanières. Pourtant, à le voir absorbé dans la lecture d’un quotidien ramassé sur un banc, on peut s’interroger: un drame, la marche du monde et des puissants peuvent-ils avoir plus d’intérêt que sa survie au jour le jour?
L’actualité est peut-être tout ce qu’il lui reste de son monde d’avant.
Ce couple a installé son abri près du lac Shinobazu, au pied du parc de Ueno. Il a vécu à cet endroit pendant quelques années.
À l'aide de bâches bleues, buru tento, ils se sont construit un abri précaire
Un soir, devant la gare de Shibuya